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Musique Classique à Chambéry et Aix les Bains, rubrique dirigée par Hervé Gallien

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Caracas : la musique classique, une œuvre sociale

Il y a trente ans, José Antonio Abreu, organiste, économiste et homme politique, réunissait une dizaine de gamins dans un parking souterrain pour répéter un peu de musique classique. Aujourd’hui, le pays compte 250 000 pratiquants issus à 90% de classes défavorisées, 125 orchestres de jeunes et 30 orchestres symphoniques.   Si l’appréhension de la musique est d’abord vécue comme une œuvre sociale, chaque gamin, pourvu d’un instrument dès ses premières gammes est immédiatement confronté au grand œuvre de sociabilité, d’écoute mutuelle, d’élévation de l’individu au sein du collectif qu’est la pratique musicale. Au Venezuela, ce « sistema » a survécu à sept gouvernements successifs, emploie 15 000 professeurs et se voit doté de 29 millions de dollars par an.   L’emblème de cette fabuleuse histoire s’appelle Gustavo Dudamel, né en 1981 à Barquisitemo, chef improvisé à 12 ans, confirmé à 17 ans, lauréat du concours Gustav Malher à 23 ans. Son talent, sa fraîcheur, sa fougue et son sérieux suffirent à persuader Abbado, Sinopoli, Rattle,Metha de venir diriger le Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela. Gustavo Dudamel, l’an prochain, prendra ses fonctions de chef principal de l’Orchestre National de Suède. Et, quand on le voit à l’image avec ses jeunes, quand on écoute son premier enregistrement avec eux sous le prestigieux label Deutche Grammophon, dans la 5 e et la 7 e de Beethoven, on a envie de s ‘écrier comme Simon Rattle après les avoir entendus à Berlin : « Je n’ai qu’un mot à dire : ouah, la vache ! »

 

Télérama, 4 octobre 2006

 

José Antonio Abreu (né en 1939)

 

Gustavo Dudamel (né en 1981)

 

Les jeunes musiciens du Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela

 

Je n’ai qu’un mot à dire : « Ouah, la vache ! Quel exemple !... ».

 

Faisons un rêve : la musique classique s’infiltrant dans les banlieues , dans les quartiers démunis, dans les ghettos, dans les bidonvilles, dans tous ces lieux de misère, savamment entretenus par les pouvoirs politiques de tous bords et de tous niveaux et par l’incompétence de plus en plus fréquente des gens en place, pourrait bien être une solution parmi d’autres. La solution aux problèmes inextricables que notre société rencontre et qui conduisent inévitablement dans le mur.

 

José Antonio Abreu, organiste, économiste et homme politique au Venezuela, l’a compris ! Pourquoi pas nous ?

 

Hervé GALLIEN

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