La Galerie Eurêka a programmé l'exposition "Nucléaire et société" (jusqu'au 2 avril) afin d'apporter à tous les citoyens une information claire et la plus objective possible sur les enjeux et les risques liés à l'utilisation du nucléaire.
Les experts de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Surêté Nucléaire) présents en permanence dans l'exposition pour répondre à toutes les questions, se tiennent également à disposition du public pour apporter un éclairage sur l'actualité nucléaire du Japon.
La Galerie est ouverte :
Mardi et vendredi de 14h à 19h
Mercredi et jeudi de 14h à 18h
Samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h
Les experts ont apporté un éclairage sur la situation et nous font parvenir des questions-réponses d'une rencontre ayant eu lieu à Fontenay aux Roses. Chambé-Aix en publie un extrait :
Quelles sont les installations sur le site de la centrale de Fukushima ?
Il y a 6 réacteurs à eau bouillante avec des piscines de déchargement du coeur qui se
situent sur le haut des bâtiments réacteurs. Lors du séisme, 3 installations étaient en
fonctionnement et se sont arrêtées automatiquement. Trois autres installations étaient
déjà à l’arrêt avant le séisme, mais on ne connait pas l’état de déchargement du coeur de
chacune de ces 3 installations
Que sait-on de l’état des 6 réacteurs de la centrale de Fukushima ?
Pour mieux comprendre la situation, prenons le schéma général ci-dessous qui montre un
bâtiment externe, avec à l’intérieur, une enceinte de confinement dans laquelle est placée
la cuve du réacteur où sont placés les éléments de combustible.
Le réacteur a été arrêté automatiquement au moment du séisme, c'est-à-dire que la
réaction nucléaire qui génère de l’électricité a été arrêtée. Cependant, le coeur du
réacteur dégage encore de l’énergie et il faut le refroidir. La conception du réacteur
prévoit des moyens multiples pour refroidir le coeur. A cause du séisme et du tsunami, les
moyens normaux de refroidissement ont été perdus et les systèmes de secours détériorés.
Si l’on décrit le fonctionnement de ce coeur, il peut être comparé à une bouilloire avec une
résistance chauffante. L’eau bout, la vapeur d’eau monte en pression, cette pression est
régulée. Pour éviter la surpression, un circuit qui limite la montée en pression est utilisé :
la vapeur d’eau est injectée dans un système de barbotage
Lors de l’accident, le réacteur non refroidi a dégagé beaucoup de vapeur qui a été
relâchée par le circuit de barbotage qui piège les produits radioactifs avant de dégager la
vapeur à l’extérieur. Il a été utilisé en rejetant régulièrement des bouffées de vapeur et
des rejets légèrement radioactifs.
Sans circuit de refroidissement, l’eau non seulement s’évapore mais son niveau baisse en
ayant pour conséquence de mettre les éléments du combustible hors d’eau. On dit alors
que le coeur est dénoyé. Il s’échauffe et relâche des produits de fission dans la cuve et
dans l’enceinte de confinement. Il est donc nécessaire d’apporter de l’eau dans la cuve du
réacteur pour éviter cette baisse de niveau.
De plus, dans cette situation, une réaction entre la vapeur d’eau et les gaines du
combustible produit un dégagement d’hydrogène. Pour éviter une pression trop importante
sur l’enceinte, l’hydrogène a été dégazé, et à une concentration avec l’air telle que des
explosions ont eu lieu.
Dans ces installations, des piscines de déchargement de coeur de combustible sont
installées en haut du bâtiment. Ces piscines doivent aussi être toujours refroidies. Il
semble que des difficultés de refroidissement existent aussi pour les piscines. Quant au
réacteur 2, le bâtiment a explosé et la piscine est à l’air libre, le niveau d’eau baisse. Si la
piscine n’est pas refroidie, des rejets peuvent aussi se produire. L’état de la piscine n’est
pas connu à cette heure, ni la masse de combustible qu’elle contient.
Que doivent faire les personnels de TEPCO, l’exploitant des centrales de Fukushima sur
place ?
Ils doivent absolument chercher à refroidir le coeur et à garantir l’intégrité de l’enceinte
de confinement qui retient la radioactivité. Pour cela, des camions citernes pompent l’eau
de la mer et l’injectent dans la cuve. Les personnels de TEPCO tentent ainsi de lutter
contre la baisse du niveau d’eau dans la cuve du réacteur. Dans le réacteur numéro 2,
cette enceinte n’est plus étanche. La perte d’étanchéité existante conduit à des rejets
permanents et à une radioactivité importante sur place. Cela rend les conditions de travail
et d’intervention très difficiles pour le personnel, qui selon nos informations serait une
cinquantaine sur le site.
Quelle est l’importance de la radioactivité sur le site ?
La seule carte que détient l’Institut est celle donnant les valeurs prises à l’entrée de la
porte principale du site. Le débit de dose était de 12ms/h (millisievert par heure), après
l’explosion du réacteur 2, ce qui représente une valeur élevée et donne des conditions de
travail très délicates pour les opérateurs.
A-t-on observé des mesures de radioactivité anormales autour de la centrale de
Fukushima ? et dans un environnement plus éloigné ?
Nous disposons de résultats sur le site ou à sa périphérie, grâce aux balises de surveillance.
Ces mesures sont très élevées, ce qui traduit une situation très grave sur le site. Nous
n’avons que peu de données sur l’environnement plus lointain.
Toutefois, les balises ne permettent pas de déterminer la nature des produits radioactifs
présents dans l’atmosphère et la composition des rejets en gaz et en particules. Ceci est
une information clé pour estimer les conséquences sur l’environnement. A défaut de
connaître cette composition, l’IRSN transpose à la situation actuelle de la centrale de
Fukushima les connaissances acquises sur des accidents de référence. Ceci permet
d’apprécier la situation, sans toutefois l’approcher de manière sûre par rapport à la
réalité.
L’IRSN a dépêché sur place un expert spécialiste de l’environnement pour avoir des
informations plus régulières. Pour les autorités japonaises, l’heure est aujourd’hui à gérer
la crise et à protéger au mieux les populations.
|
