Interview exclusive de Xavier Dullin, président de Chambéry Métropole

   Interview exclusive de Xavier Dullin, président de Chambéry Métropole

 

xavier dullin

 

M. Dullin a accordé une interview exclusive à Chambé-Aix, qui fait le point complet sur les premières actions réalisées. Parmi les points abordés, l’engagement économique qui permettra le financement des solidarités, le développement du numérique, le foncier économique et la politique du logement, la fiscalité, la mutualisation des compétences au niveau de l’agglomération et avec la CALB, le Pôle d’échange Multimodal, les espaces naturels et forestiers, le traitement des déchets ainsi que les équipements sportifs de l’agglomération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M.DULLIN, vous êtes président de Chambéry Métropole, pouvez-vous nous parler un peu de vous ?


Chambérien et savoyard de toujours, j’ai la chance d’évoluer sur ce territoire depuis longtemps. Ma première implication est celle de l’entreprise dans laquelle j’évolue depuis 30 ans en étant créateur de ma propre société. Celle-ci évolue désormais avec un groupe dans le secteur de l’évènementiel et du tourisme d’affaire. J’ai toujours eu une sensibilité pour la cause publique et dès le début, je me suis engagé dans les associations qui correspondaient à mes convictions. Je reste très attaché à mon territoire et à 53 ans, au moment où je m’y attendais peu, voire le moins, je me retrouve engagé dans la destinée de Chambéry Métropole, ce qui est passionnant.

 

 

 

 

Quelles sont les premières actions concrètes que vous avez réalisées en tant que Président ?


La première action a été la diminution du nombre de vice-présidents de Chambéry Métropole afin de rendre les compétences beaucoup plus lisibles, rassemblées et efficaces. Nous avons enclenché parallèlement  une démarche de mutualisation de nos compétences avec l’ensemble de nos communes, et nous avons recruté une personne en charge de cette mutualisation.


Après ces premières mesures immédiates, nous avons immédiatement donné un signe à l’économie locale. Nous avons débloqué les accès aux marchés publics qui depuis 2010 concernaient le plan de prévoyance des risques d’inondation concernant notamment le quartier Vetrotex et de la zone d’activité Bissy-L’Erier.  Il fallait absolument aménager le confluent Hyères-Leysse, c’est un marché de 30 millions d’euros en deux tranches, c’est dire si l’économie locale en a été immédiatement bénéficiaire. La deuxième décision de prise a été d’attribuer ce marché  aux entreprises locales.


Nous nous sommes enfin plongés dans certains dossiers clés dont le pôle d’échange multimodal.

 

 

 

 

Qu’envisagez-vous pour l’économie et l’emploi ?


L’économie et l’emploi sont une priorité absolue, c’est une compétence que j’ai en direct en tant que Président. Au moment où il y a un désengagement fort au niveau de l’Etat, il parait nécessaire de retrouver des marges de manœuvre par le développement économique. Elles sont indispensables si on veut financer demain nos besoins de solidarité qui vont croissant.


Par ailleurs, notre territoire a besoin d’une lisibilité économique. On identifie très bien les économies d’autres pôles comme la vallée de l’Arve par exemple, on a une vraie lisibilité sur Grenoble ville de technopôles scientifiques, il faut que nous apparaissions autrement que comme une ville dortoir. Nous avons des atouts : nous sommes à 45 mn de deux aéroports internationaux, à 3 heures par TGV de Paris, nous avons un réseau d’autoroutes exceptionnel, et nous avons du foncier.

 

 

 

 

Que pensez-vous de la récente histoire de Camiva ?


Pour  CAMIVA, c’est toujours difficile d’avoir un industriel présent dans le territoire depuis plusieurs décennies, qui, pour des raisons de stratégie, décide d’aller localiser sa production ailleurs. Ce sont des moments compliqués. 3 ans après, un point a été fait avec le Préfet sur le plan de revitalisation du site de St Alban-Leysse.

Avec le maire M.Dyen, nous avons acté d’une part que Camiva reste présent sur notre territoire avec des proportions moindre qu’avant, mais surtout que sur le site de Camiva, on trouve désormais  l’entreprise Frasteya leader du e-commerce sur la distribution d’articles de sport montagne, hiver et été et également Excoffier recyclage qui traites des déchets à recycler qui sont inertes et qui bénéficient à l’économie circulaire puisqu’ils sont réinjectés dans l’économie régionale. C’est une très bonne nouvelle car ce sont des entreprises implantées en Savoie qui créent 110 emplois.

Le gain général est ainsi de 152 emplois, c’est plus que ce qu’on a perdu.


C’est un beau symbole de rebondissement grâce à la mobilisation de tous. Il est à noter que le  travail de mon prédécesseur mis en place avec ses équipes y a beaucoup œuvré, des bonnes décisions ont été prises avec le maire de Saint Alban Leysse. Il nous reste 11.000 m² de foncier industriel qui sont sur le marché et pour lesquels nous avons quelques pistes.

 

 

 

 

A ce propos, qu’en est-il précisément du foncier économique à Chambéry Métropole ?


Nous avons du foncier économique ! Savoie Technolac II et III qui disposent de 30 ha. Alpespace identifié comme un pôle autour de la montagne est une vraie force d’attractivité, même si le Technopôle n’est pas directement sur le territoire de Chambéry Métropole. Nous avons également le quartier de la Gare qui a aujourd’hui 20 ha de disponible à La Cassine. Nous avons des niches disponibles comme le Grand verger ou les Fontanettes en face du Phare, et encore les Massettes à côté de Médipôle qui sont en train de doubler l’espace réservé à l’économie.


Pour relancer l’économie et l’emploi, il faut un positionnement économique ! Nous nous penchons, via une étude territoriale, sur ce que devrait être ce positionnement. Nous avons des pôles forts et identifiés de l’aménagement de la montagne autour d’Alpespace, un autre pôle autour de l’énergie environnement à Savoie Technolac. Il faut, entre les deux, positionner notre territoire autour du numérique, de l’agro-alimentaire d’espaces d’accueil des sièges des entreprises et de l’industrie innovante. Le service aux entreprises doit également être développé, il peut être élément de différenciation de notre territoire. C’est ce que nous somme en train de faire pour renforcer l’attractivité de Chambéry.


Notre objectif est rendre Chambéry lisible, avec de la valeur ajoutée et du service.

 

 

 

 

Vous parliez du développement du numérique ?


Tous les développements économiques sont faits grâce au numérique et au digital. Si nous n’avons pas ici un pôle numérique fort, les entreprises qui ont besoin de ces technologies innovantes iront la chercher ailleurs. Par exemple, Fresteya société active dans le e-commerce a besoin de start-up locales pour étendre son activité, qui représente aujourd’hui 66 millions d’euros de chiffre d’affaires.


La technologie des objets connectés va apporter une croissance forte, notamment dans le secteur de l’automobile. Nous avons déjà un pôle à l’Erier qui devient spécialiste. Si nous sommes capables de lui apporter en plus la technologie numérique, imaginez le bond en avant !
Nous avons du retard. Les entreprises locales manquent de visibilité. Le Grand Verger pourra être le pôle du numérique.


Dans cette attente, un espace de coworking numérique sera ouvert dès avril rue Sommeiller. Il permettra notamment aux communautés d’intérêt de se retrouver, d’organiser des conférences thématiques, de mettre à disposition un espace de travail à proximité de la gare.


Par l’intermédiaire de Savoie Angels, le territoire va accéder au label French Tech de Grenoble, auquel participe un vice-président de Chambéry Métropole.

 

 

 

 

Nous avions évoqué le foncier des entreprises, qu’en est-il du logement pour les particuliers ?


Pour l’habitat, nous avons un plan local de l’habitat qui met en marché 900 logements par an afin de répondre à la croissance. Nous avons planifié, d’ici la fin de la mandature, 6.000 logements planifiés en construction. Aujourd’hui il n’y a pas de carence de l’offre de logements à Chambéry et dans les communes de l’agglomération. Il y a une belle variété de logements ; Les logements proposés peuvent être trop en nombre à certains moments ce qui risque de déstabiliser le marché. Des impulsions sont menées dans les communes limitrophes de Chambéry, elles se poursuivront à La Motte-Servolex.


Il faut par contre faire des efforts sur la rénovation du logement social. Il y va du confort des familles, être bien isolé et bien chauffé c’est indispensable. Il y va également de la démarche de notre territoire à énergie positive dans laquelle on est inscrit, c’est aussi ça l’éco-responsabilité.

 

 

 

 

Comment envisagez-vous la fiscalité et ses évolutions sur le territoire ?


Nous avons pris l’engagement de zéro euro d’augmentation d’impôt supplémentaire tant que nous le pourrons. Cependant à partir de 2015, l’état se désengage de 13 millions d’euros pour les 3 ans qui arrivent, ce qui représente 10% du fonctionnement de l’agglomération.  Faire une telle économie de fonctionnement à cette hauteur est difficilement compatible avec la réalité.


Pour 2015, il n’y aura pas d’augmentation.


Nous réduisons un premier donc nos couts de fonctionnement de près d’un million d’euros dès 2015. Nous devons réduire nos investissement  de 2,5 millions d’euros soit 30% de notre capacité d’investissements et nous sommes dans un schéma de mutualisation. Il n’y aura pas d’augmentation de la fiscalité sur les entreprises, sur l’eau et les déchets, pas plus que sur le transport.


Nous espérons que nous allons tenir sur cette non-augmentation tout au long de la mandature, mais je n’en prends pas l’engagement tellement la situation financière est tendue et difficile et compte tenu de l’état de détérioration très avancé des finances publiques de la ville telles que nous les avons découvert, ce n’est pas très responsable d’avoir laissé la ville déraper budgétairement à ce point.


Sur ce dernier point, on est les champions de la fiscalité transport, puisque le versement transport à Chambéry est l’un des plus hauts de France. Nous sommes à un taux de 1,75 là ou la réglementation permet d’aller à 1,8. A titre de comparaison, ce taux est de 0,6 à la CALB. Pour autant, est-ce que ces transports répondent bien aux besoins de desserte des salariés qui se rendent dans leurs entreprises ? ce n’est pas le cas ! C’est une imposture : on vend un service très cher aux entreprises, et on ne le leur fournit pas en fonction des sommes versées.

 

 

 

 

La mutualisation des compétences était un objectif premier des communautés de communes. Que faites-vous en ce sens ?


En matière de politique d’achat, de conseil juridique, de droit des sols, nous sommes déjà dans des exemples concrets de mutualisation. Nous devons aller plus loin. Nous en discutons avec la CALB. Nous sommes deux agglomérations qui discutons autour de l’économie, autour du tourisme, et également de l’approvisionnement en eau.


Pourquoi avec la CALB ?
Les découpages administratifs ne correspondent pas toujours à la réalité des espaces de vie dans lesquels nous sommes au quotidien. Nul ne contestera qu’entre Chambéry et Aix-les-Bains, c’est le même bassin de vie, c’est le même bassin d’emploi. Il n’est pas anormal que les fonctionnalités principales puissent être organisées à cette échelle, c’est là-dessus que nous travaillons.

 

 

 

 

Que se passe-t-il au niveau du Pôle d’Echange Multimodal (PEM)


On a l’impression qu’il ne s’y passe pas grand-chose en ce moment si ce n’est la nouvelle passerelle un peu statique, mais il se passe quand même pas mal de choses. Nous souhaitons y ramener la SNCF et sa direction régionale. Dans le dossier que nous avons ouvert, la SNCF n’y était pas !  Pourtant Chambéry, portier des Alpes, a des liens très forts, y compris ferroviaires, avec ses voisins.


On peut dire désormais que la SNCF va réintégrer le PEM, ce qui est indispensable pour cette gare qui porte une ambition de Tgv international. C’est nécessaire aussi pour l’économie du projet. Ramener la SNCF dans le projet, c’est aussi ramener des investissements. Il faudra redimensionner le projet pour créer l’espace pour accueillir ce nouveau partenaire prestigieux.


Nous sommes aussi dans une dynamique où nous souhaitons développer les commerces et les espaces bureaux. On aura ainsi un véritable pôle d’échange multi-modal et centre d’affaires juste à côté du centre d’affaires de la Cassine.

 

 

 

 

Les espaces naturels, agricoles ou forestiers occupent une grande place à Chambéry


52% du territoire de l’agglomération est en espace naturel, agricole ou forestier. De ce constat, on a une obligation de préserver ce qui est un atout. Les circuits courts des filières agricoles de proximité, dans les ressources en eau naturelle, et l’exploitation du bois sont pour nous des valeurs ajoutées à considérer. 


Nous savons que le bois énergie d’une part et le bois construction d’autre part constituent en circuit court de réelles avancées. Il faut que nous ayons les outils et les compétences permettant d’exploiter ces ressources. Il faut rééquilibrer la filière bois. Si le chauffage bois s’étend, il faut les ressources et les exploitations capables de fournir en bois, sinon il faut aller chercher l’approvisionnement plus loin, et dans ce cas, on n’est pas éco-responsable. Il faut donc structurer le développement de cette filière et veiller à ce qu’elle soit exploitable à un coût raisonnable.


Nous avons une charte forestière au niveau de l’agglomération qui fixe le cap, c’est Jean-Claude Monin, dont on peut saluer la mémoire qui a impulsé cette charte, elle est aujourd’hui reprise par Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex commune impliquée dans le domaine agricole.

 

 

 

 

 

L’agglomération prend en charge la gestion des déchets


Nous gérons les déchets de nos concitoyens mais aussi ceux générés par l’activité économique. Nous sommes dans une logique d’économie circulaire. L’arrivée de nouveaux opérateurs, comme Excoffier à Saint Alban Leysse, qui vont permettre aux industries génératrices de déchets ou aux entreprises du secteur du BTP d’avoir un service performant à proximité. La valorisation des déchets pourra être réinjecté en matériaux immédiatement dans l’économie. Nous avons une vraie dynamique solidaire sur la réutilisation des mâchefers  qui sont de très bonne qualité.

 

 

 

 

 

 

Que comptez-vous faire pour les équipements de l’agglomération comme la piscine et le stade ?


Les grands équipements font partie de la politique de Chambéry Métropole. Nous avons entamé une remise à plat du plan piscine, car nos équipements sont vieillissants, ils ne répondent plus aux demandes des clubs, des écoles et des usagers. Nous devons répondre à la problématique du Stade qui n’est plus du tout aux normes.


La question du Phare sera revue en 2016 car la délégation de service public actuelle ne peut pas rester en l’état, c’est trop coûteux.


2015 sera consacrée aux études, nous annoncerons prochainement un calendrier de nos décisions. Il va falloir aller vite car nos équipements actuels sont à bout de souffle, il y a un vrai besoin à agir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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